La fertilité féminine repose sur un jeu d’hormones subtil, dont celles de la thyroïde qui joue un rôle clé.
Cette glande, en forme de papillon, influence profondément l’ovulation, la régularité des cycles menstruels et la capacité à concevoir et mener une grossesse à terme.
Je vous explique ici le lien entre thyroïde et fertilité et comment il est possible d’optimiser son équilibre hormonal naturellement.
Dans cet article, je vais aborder les points suivants :
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La thyroïde : cette glande essentielle au métabolisme et à la fertilité
La thyroïde, c’est cette petite glande en forme de papillon dans laquelle plus de 120 L de sang passent chaque jour.
Elle capte l’iode pour synthétiser les hormones thyroïdiennes, principalement la T3 (triiodothyronine) et la T4 (thyroxine). Ces hormones agissent sur tous les métabolismes de notre corps, à savoir :
– Au niveau des os avec le soutien de la croissance osseuse
– Le développement génital et mental.
– Influence sur la fréquence cardiaque
– Activation du transit intestinal et
– Mobilisation des réserves lipidiques (tendance à prendre ou perdre du poids avec le stockage des graisses)
– Ou encore la régulation de l’oxydation cellulaire (molécules pro et anti oxydantes), y compris au niveau des ovaires.
Bref, c’est la glande qui nous permet de nous adapter à notre environnement au quotidien !
Zoom sur les analyses biologiques
Quel est le meilleur moment pour faire sa prise de sang par rapport au cycle ?
Durant l’ovulation, la production de T3 et T4 augmente, entraînant une légère élévation de la température corporelle (un indicateur clé de la fertilité !).
Le meilleur moment pour une femme de faire des analyses sanguines pour la thyroïde, sans que le cycle menstruel n’influence trop les valeurs, est généralement en phase folliculaire précoce, soit entre le 3ᵉ et le 7ᵉ jour du cycle (début des règles).
Cette période est recommandée car les niveaux d’hormones sexuelles (œstrogènes et progestérone) sont relativement bas et stables – ce qui réduit leur impact sur les hormones thyroïdiennes et la TBG (Thyroid Binding Globulin), une protéine qui peut modifier les taux de T3 et T4.
Différences entre les normes de santé et les normes en vigueur en laboratoire
– Pour la T3 libre, les normes de santé sont comprises entre : 3,5-4,5 pmol/l. Contre 3,5-6,5 pmol/l pour les laboratoires.
– Pour la T4 libre les normes de santé sont comprises entre : 15-18 pmol/l. Contre 9-26 pmol/l pour les laboratoires…soit une fourchette très très large !
– La valeur optimale de TSH se situe entre 1 et 2 mUI/l, voire même entre 0,2 et 1,3 mUI/l. Contre 0,3-4,4 mUI/l pour les normes en laboratoires.
Au-dessus de 1,5 on considère qu’il y a une probabilité d’hypothyroïdie.
Lorsque la TSH est au-dessus de 2 mUI/l, on peut suspecter une carence en iode ou une hypothyroïdie frustre (c’est-à-dire une TSH élevée sur au moins 2 prélèvements sanguins et un taux normal de T4).
Hypothyroïdie et troubles de la fertilité
Une insuffisance d’hormones thyroïdiennes peut perturber la sécrétion hormonale des ovaires, entraînant un déséquilibre des œstrogènes et de la progestérone.
Ainsi une hypothyroïdie entraine des réactions en cascade à différents niveaux :
- des sécrétions d’oestrogènes et de progestérone insuffisantes. Le cycle est alors déséquilibré, voire anovulatoire (…et s’il n’y a pas d’ovulation, le corps jaune ne se forme pas et la progestérone n’est pas sécrétée)
- la prolactine est sécrétée en excès et se fixe sur les récepteurs de la progestérone. Ainsi, moins de progestérone est absorbée par les cellules.
- au niveau du foie, les hormones thyroïdiennes influencent le recyclage des hormones. Et donc, en cas d’hypothyroïdie : la TBG (thyroid-binding globulin) augmente, ce qui piège une plus grande partie des œstrogènes sous forme liée et inactive (=liés à leur transporteur).
- La dégradation hépatique des œstrogènes ralentit, pouvant paradoxalement conduire à une accumulation d’œstrogènes inactifs et aussi à un déséquilibre hormonal.
- au niveau enzymatique, ces sécrétions insuffisantes ont un effet sur la conversion des androgènes en œstrogènes : l’enzyme aromatase, qui convertit les androgènes (testostérone, androstènedione) en œstrogènes, est stimulée par la T3. En cas d’hypothyroïdie, son activité diminue, ce qui réduit la production d’œstrogènes.
En résumé :
Un déficit en œstrogènes lié à l’hypothyroïdie peut entraîner les symptômes suivants :
- Des troubles menstruels (cycles longs, irréguliers, aménorrhée).
- Une diminution de la fertilité, avec risque d’anovulation,
- Ou une difficulté à maintenir une grossesse, avec un risque accru de fausse couche.
- Mauvaise vascularisation placentaire, augmentant les risques de thrombose.
- Des symptômes proches de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, troubles de l’humeur).
- Une augmentation du risque d’ostéoporose à long terme.
Zoom sur les problèmes de thyroïde et les fausses -couchesUn déséquilibre thyroïdien peut perturber les interactions des hormones de la reproduction en affectant l’ovulation, la nidation de l’œuf fécondé et le maintien de la grossesse.
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Stress, cortisol et thyroïde : un cercle vicieux
Le stress chronique est un ennemi de la fertilité. En période de stress, le corps priorise la production de cortisol au détriment des hormones sexuelles.
L’hormone du stress (le cortisol) est fabriqué à partir du même précurseur que la progestérone (la prégnénolone). Lorsque l’on est stressée de manière chronique, le corps donne la priorité au cortisol et la prégnénolone initialement prévue pour la progestérone est finalement utilisée pour fabriquer du cortisol. On parle de « vol de prégnénolone ». Un cortisol toujours élevé entraine une chute de la progestérone, et déséquilibre donc le cycle au profit des oestrogènes (entrainant un SPM marqué avec des douleurs).
Ainsi, tant que le corps est occupé à gérer le stress, il “n’envoie pas” les autres hormones.
Conséquences du stress chronique sur notre système hormonal :
• difficultés de conception : cycles anovulatoires, difficultés d’implantation de l’embryon
• règles irrégulières ou absentes
• saignements abondants ou entre les cycles
• SPM plus marqué : douleurs, irritabilité, anxiété
• fatigue persistante
• prise de poids abdominale, migraines…
Et sur la thyroïde en particulier :
- Production de TSH bloquée, perturbant la synthèse de T3 et T4.
- Inhibition de la conversion de T4 en T3, aggravant l’hypothyroïdie.
- Fatigue matinale chronique, signe d’un déséquilibre thyroïdien.
Carences nutritionnelles et dysfonctionnements thyroïdiens
Une thyroïde saine repose sur des apports optimaux en nutriments essentiels :
- Iode : indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes.
- Zinc, Sélénium, Fer : favorisent la conversion de T4 en T3.
- Vitamines A, B2, B6, E : participent au métabolisme thyroïdien.
- Vitamine D3 + K2 : prévient les calcifications artérielles et optimise la fonction thyroïdienne.
Attention à l’iode volatil : une grande partie est perdue entre la mise en boîte du sel et sa consommation. Une alimentation riche en iode et sélénium est essentielle (poissons, fruits de mer, algues, noix du Brésil).
Intestin, immunité et thyroïde : un lien indissociable
L’intestin joue un rôle crucial dans l’équilibre thyroïdien. Une perméabilité intestinale (favorisée par le gluten et une dysbiose) peut :
- Déclencher des réactions auto-immunes contre la thyroïde, notamment en cas de maladie de Hashimoto.
- Perturber la synthèse des hormones thyroïdiennes via une inflammation chronique.
- Altérer l’absorption des nutriments essentiels à la thyroïde.
=> Il est donc recommandé de réduire le gluten, privilégier une alimentation anti-inflammatoire et soutenir la flore intestinale avec des probiotiques.
Conseils pour une thyroïde équilibrée et une fertilité optimale
- Favoriser une alimentation saine : éviter les aliments à index glycémique élevé pour stabiliser les hormones. En cas d’inflammation : diminuer la consommation de viandes rouges, de gluten, de produits transformés, de sucres industriels, de laitages animaux. Favoriser les fruits et légumes riches en antioxydants.
- Gérer le stress avec la méditation, le yoga et des techniques de respiration.
- Avoir un sommeil de qualité, indispensable pour l’équilibre hormonal.
- Éviter la contraception hormonale, qui peut perturber la thyroïde.
- Favoriser l’exposition au soleil pour optimiser la vitamine D et la fonction thyroïdienne (…le système hormonal en général !). Et limiter le plus possible l’exposition à la lumière artificielle une fois la nuit tombée (éclairage LED dans les maisons et écrans qui perturbent énormément notre système hormonal).
- Supplémentation ciblée :
- on veillera à ne pas être carencé en vitamines, minéraux et oligo-éléments (iode, zinc, Se, vitamines E, A, B2, B6, Fer).
- et à limiter le stress au maximum ! Car le stress chronique impacte la régulation des hormones thyroïdiennes.
- Magnésium bisglycinate pour améliorer l’activation de la vitamine D3
- Vitamine D3-K2 (6000 à 10 000 UI/j en cas de carence) … si pas suffisamment d’exposition à la lumière naturelle
- Des synergies spécifiques si besoin de soutenir la thyroïde telles que le Thyrostim chez Copmed
- ou version allopathique si nécessaire (à voir avec votre médecin) : Euthyral plutôt que Levothyrox, en cas de traitement thyroïdien, pour une meilleure conversion de T4 en T3.
La fertilité et la santé thyroïdienne sont intimement liées.
Un équilibre hormonal optimal repose sur une alimentation adaptée, une gestion du stress efficace et une attention particulière au microbiote intestinal.
En prenant soin de sa thyroïde naturellement, on favorise non seulement la conception, mais aussi une grossesse harmonieuse et un développement optimal du futur bébé.